Histoire du personnage
§gRyhna Valemir§r, trente-sept ans.
Elle grandit et fût éduquée au clergé de la province de Sérénith. Nonne humble et aimée de la communauté, elle veillait sur une église délabrée, où ses prières semblaient apaiser jusqu'aux plus tumultueux des orages.
Sa peau chocolat au lait reflétait la douceur des encens qu'elle brûlait, et ses yeux, d'un bleu ciel rare, portaient en eux un calme que les habitants disaient presque sacré, et une sincérité bienveillante.
Elle n'avait jamais quitté Sérénith. Le vaste monde, l'Ordre, elle en avait entendu parler, bien sûr, de par la visite de remortels ou d'exilés en quête d'un gîte. Elle y croyait sans les craindre, comme on croit aux marées lointaines ou aux grandes étoiles : présentes, mais étrangères à sa propre existence. Sa première vie, elle l'avait chérie de tout son coeur ; elle n'avait jamais désirée autre chose que le simple miracle d'aimer, de guider, et de soigner.
Mais la maladie qui prît loge dans ses reins finit par l'emporter, sans violence, comme un souffle qui s'évapore à la fin d'un long chant. Et lorsque les fidèles accoururent, ils ne trouvèrent qu'un autel encore tiède de prière .. le corps de Rhyna avait disparu, fondu dans l'air comme une lueur trop pure pour s'accrocher aux pierres. Ce fût un trouble profond : même pour ceux qui connaissaient les histoires de remortels, cela n'arrivait qu’aux autres ... les probabilités ..-
Mais pourtant. Elle ouvrit les yeux dans la trouée bleue du Lac des Monts-Lotus. L'eau, tiède comme une étreinte, la portait doucement. Autour d’elle, les montagnes semblaient veiller en silence, et la lumière courait sur la surface du lac comme si elle la reconnaissait. La ville et ses bruits fûrent les premières notes parvenues à ses oreilles.
Et alors qu'elle ouvrit la bouche, elle respira enfin. Non avec la stupeur d'une revenante, mais avec l'incrédulité tendre de quelqu’un qui comprend qu'on lui a offert une seconde vie, là où elle pensait avoir déjà vécu la première aussi pleinement que possible.
Dans ce monde nouveau, une seule pensée lui vint, légère comme un pétale :
- « Je n'ai jamais demandé davantage que la vie que j'ai eue… et pourtant, me voilà. Alors je marcherai encore, et j'aimerai d'autant plus. »